Entre injonctions et culpabilité : être mère aujourd’hui
Dans un monde où les injonctions liés à la maternité et à la féminité sont tellement importantes, il faut apprendre à s'écouter et à faire ses choix pour soi-même.
1/19/20255 min read
Fatiguée des injonctions : être mère dans un monde de contraintes
Je suis épuisée, énervée, lassée de toutes ces injonctions qui pèsent sur les épaules des femmes, et plus encore sur celles des mères. Je pense que j’ai toujours eu conscience de ces pressions, mais elles ont pris une ampleur démesurée quand je suis devenue maman.
Parce qu’aux injonctions qu’on subit en tant que femme (sois belle, sois gentille, ne fais pas de vagues, sois intelligente mais pas trop, sois attirante mais pas trop (bref, tu connais!)), s’ajoutent celles spécifiquement destinées aux mères. Parce que oui, même si toi tu ne sais plus qui tu es, que tu es épuisée et que tu fais juste en sorte de garder la tête hors de l’eau, la société, elle, se souvient parfaitement que tu es une femme – et désormais une mère. Il faut donc répondre aux normes des deux catégories.
Avant la grossesse : le poids de la culpabilité
J’ai traversé un parcours de procréation médicalement assistée (PMA) pour tomber enceinte. Et ça n’a pas été simple : trois ans d’essais, six inséminations, une FIV, et des montagnes de stress et de larmes. Je me suis très vite rendue compte, que dans cet univers médicalisé en plus des injonctions à mieux manger, ne pas boire, faire du sport, mais pas trop, ne pas fumer, et perdre du poids, une phrase revenait en boucle : « Tu y penses trop, détends-toi. »
Rien que de l’écrire me met dans une colère noire.
Ces discours culpabilisants font porter aux femmes la responsabilité entière de leur infertilité, comme si le stress était la seule cause de leurs difficultés. On oublie l’endométriose, le SOPK, les rendez-vous médicaux interminables, les hormones, ou encore l’infertilité masculine.
Quelle culpabilité fait-on porter aux femmes en leurs faisant croire ça? Et en appuyant ses propos de « Je connais quelqu’un qui…. ». Stop. Tout ça, ce sont des constructions qui se sont crées au fur et à mesure des années.
Bien sûr, apprendre à lâcher prise peut aider à mieux vivre un parcours PMA, mais cela ne résoudra jamais le problème. On ne tombe pas enceinte simplement en cessant d’y penser.
La grossesse : le corps sous contrôle
Quand le test est positif, on pourrait croire qu’on nous laissera enfin tranquille. Après tout, on est en train de créer une vie, là non ? Mais pas du tout, bien au contraire.
Tout à coup, notre corps tombe dans le domaine public. Même les inconnus trouvent à dire sur ce qu’on mange, sur notre hygiène de vie, sur nos transformations corporelles, sur ce que l’on devrait faire, ou ne pas faire.
On se retrouve accablée de rendez-vous médicaux plus stressants et culpabilisant les uns que les autres (« Oulala encore 2kg en plus vous vous faites plaisir »), et on finit finalement par croire qu’on fait du mal à son futur enfant.
Évidemment, tout le monde juge également nos choix d’accouchement. Qui est-on pour croire que ça ne regarde que nous et notre partenaire?
Le post partum : l’invisibilisation des mères
Et puis vient le post partum. Après s’être assuré que l’accouchement s’est bien passé, on devient invisible. SAUF, pour nous rappeler qu’une fois de plus on ne fait pas bien les choses. L’allaitement, le co-dodo, la prise de poids de bébé, la perte de poids de maman, l’alimentation, tout est sujet à critique.
Mais dans ce florilège d’injonctions, une en particulier me semble problématique parce que particulièrement banalisée : « Maman heureuse, bébé heureux ».
Ca semble plutôt bienveillant n’est-ce pas?
Mais combien de mamans, en train de se débattre avec leur fatigue, donnant toute leur attention et toutes leurs ressources à leur bébé, essayant de survivre à la vague de la matrescence, se sont senties coupables en entendant cette phrase?
Combien de mères en pleurs se sont dit qu’elles n’étaient pas normales de ne pas être épanouies et qu’en plus, À CAUSE D’ELLE et de leur manière de vivre leur maternité, leur enfant ne serait pas épanoui non plus?
Pour moi, cette injonction, elle découle principalement d’une peur sociétaire de regarder en face les difficultés de la maternité. Parce que être mère, c’est forcément être heureuse, non ? Sinon, c’est que tu fais du mal à ton enfant.
Soyons clair, évidemment que l’environnement à un impact sur notre enfant, évidemment que ces petits êtres sont des éponges émotionnelles, mais cette petite phrase « maman heureuse, bébé heureux », elle ne fait que culpabiliser les mères qui sont malheureuses ou ambivalentes dans leur maternité (et au passage elle invisibilise totalement le rôle et l’impact du co-parent!)
Reprendre le pouvoir sur sa vie de mère
Alors stop. Mais vraiment stop. Tu n’es pas la seule responsable de ton enfant. Son environnement entier joue un rôle : ton/ta partenaire, ta famille, ton travail, ton lieu de vie…Tout, et pas seulement toi. Et ça dès le départ. Même avant son arrivée. Tu n’es pas la seule responsable de ton bébé.
Chacun de tes gestes, chacune de tes pensées, chaque choix que tu fais ne va pas être absolument déterminant pour le futur de ton enfant. C’est une goutte d’eau dans l’océan de sa vie. Tu as le droit de faire des erreurs, tu es humaine.
Et tu as aussi le droit d’en avoir marre, de ne pas avoir envie de t’occuper de ton enfant, de faire autre chose que d’être mère. Tu as le droit de prendre du temps POUR TOI! Pas pour ta famille, pas pour nettoyer la maison, pas pour travailler. Juste pour toi, sans culpabilité.
Révolutionner la maternité
Alors voici ce que je te propose : écoute cette petite voix au fond de toi. Tu sais, celle qui te dis que tu seras capable d'accoucher sans péridurale, celle qui te dis que ton enfant a besoin de dormir à côté de toi, celle qui te dis que tu as besoin de temps toute seule. Cette petite voix là. Et quoiqu'elle te dise, écoute là. C'est de là que tu dois puiser ta force. Tu sais de quoi tu as besoin, et je suis sûre que tu es déjà vraiment à l'écoute de ton enfant. Alors fais-toi confiance! Et rien que de faire ça, c'est affirmer ta place en tant que mère, affirmer ta place en tant que femme.
J’avais déjà des valeurs féministes avant d’être mère, mais la maternité les a exacerbées. Je n’en peux plus de voir des femmes s’écrouler sous le poids des injonctions et de la culpabilité. Je n’en peux plus et il faut que ça s’arrête. Pour les mères actuelles, et pour toutes celles en devenir, s'il te plait, écoute-toi.
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