Je l’aime mais… le réflexe qui trahit l’injonction
Pourquoi sentons-nous le besoin de prouver notre amour à l’égard de nos enfants à chaque fois que l’on ose dire que c’est dur?
Justine Mageres
7/16/20253 min read
Est-ce que vous avez remarqué, que lorsqu’une mère ose se plaindre de ses enfants ou de la réalité et de ses difficultés en tant que maman, elle s’empresse d’ajouter :
« Mais je l’aime mon enfant pourtant ».
Comme si toutes vérités sur la réalité de la maternité devait obligatoirement et le plus rapidement possible être contrebalancées par l’amour maternel. Un peu comme si on sortait en urgence son bouclier de la bonne mère.
« Non, mais je l’aime, mais ses crises de colère j’en peux plus là ».
« Je suis tellement fatiguée, je l’aime mais je voudrais tellement partir une semaine sans enfant ».
« Oui je m’en plains, oui c’est difficile, mais je les aime mes enfants (je le jure)(me tapez pas s’il vous plait)».
Cette petite phrase, sortie souvent sans y penser et par automatisme trahit la pression et la culpabilité qui pèse sur les épaules des mères.
Donc je disais : la pression et la culpabilité. Deux copines qui s’empressent de nous rejoindre dès le moment où le test de grossesse est positif.
La pression nous chuchote à l’oreille qu’il faut être épanouie dans sa maternité, qu’il ne faut pas manger de saucisson quand on est enceinte, que l’on se doit de répondre à tous les besoins de son enfant ou encore qu’il est primordial de se dévouer corps et âme à ses enfants (on les a bien voulu, maintenant, il faut les assumer).
Tandis, que sa sœur (presque) jumelle, la culpabilité, vient nous tapoter l’épaule quand nous décidons de sortir danser avec nos copines, de commander un McDo pour toute la famille, d’allumer la télé pour respirer dix minutes ou encore de partir en week-end sans enfants, et ce même si le petit dernier est malade.
Ce duo diabolique plonge beaucoup de mères dans le désarroi le plus total. Et les pousse, dès qu’elles osent parler de leurs difficultés, à se justifier « Non, mais je les aime mes enfants (me dénoncer pas s’il vous plait) ».
Et oui, parce qu’on parle bien ici d’oser parler. Car même cela, c’est devenu subversif.
Mona Chollet dans son livre « Résister à la culpabilisation » explique que la culpabilisation est une pression constante qui pèse sur les épaules des mères. Et certaines évacuent cette pression, sur les autres mères en les critiquant et en les rabaissant. Tout comme l’eau qui bout finit par déborder de la casserole, la pression exercée sur les femmes doit à un moment ressortir.
Et la sororité, dans ces moments-là, prend un sacré coup.
« Non mais tu as vu celle-là, elle se plaint alors qu’elle a qu’un enfant et qu’elle ne travaille même pas »
« Si c’était pour t’en plaindre, il fallait pas avoir des enfants »
« T’as eu neuf mois pour t’y préparer, faut pas exagérer non plus »
« Moi j’ai eu 6 enfants, un travail à temps plein, j’ai vécu une guerre et 3 fausses couches et je ne me suis jamais plainte »
A ça, on ajoute l’image de la « mère parfaite » qui circule encore beaucoup trop sur les réseaux sociaux, et qui peut engendrer de la comparaison, de la jalousie, mais aussi un sentiment d’infériorité important. On se sent nulle, incompétente, on se compare, on se juge, …
Mais malgré tout ça, certaines osent.
Elles parlent de leurs difficultés, du manque de sommeil, des tensions de couple, de la relation parfois difficile avec son enfant, de la charge mentale qui écraserait sans difficulté un éléphant fait en titane, du poids des responsabilités, de le sensation de ne pas savoir ce que l’on fait, …
Et c’est essentiel d’en parler. Parce que plus on parlera de ces difficultés, plus elles deviendront la norme. Et peut-être qu’enfin, les femmes arrêteront de se flageller parce que l’expérience de la maternité n’est pas l’expérience la plus épanouissante de leur vie.
Et peut-être qu’un jour on pourra simplement dire :
« J’en peux plus aujourd’hui ». Sans avoir à jurer notre amour en préambule.
Alors partons du principe que notre entourage sait que l’on aime ses enfants, et testons. Cette semaine, si tu es à bout, fatiguée, vidée : dis le. Sans t’excuser, sans arrondir les angles, sans rajouter « mais je l’aime hein ». Et voit ce qu’il se passe.
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